Evit Breizh dizalc’h en Europa ar pobloù
Pour une Bretagne libre dans l’Europe des peuples
Décidément l’année 2017 est riche en élections. Après les présidentielles qui ont eu au moins le mérite de renvoyer dans les starting-blocks les deux grands partis- Ps et Républicains- qui se partageaient le gâteau électoral et financier depuis des décennies, et de montrer la volonté des électeurs de dépasser le sacro-saint clivage idéologique droite-gauche, voici les législatives. Une élection bien peu démocratique une fois de plus en raison du mode de scrutin, majoritaire et qui plus est, à deux tours, et qui, au second tour permet les alliances les plus incongrues et contre nature pour éviter les résultats du plein jeu démocratique. Une élection truquée toujours en raison même de barrages idéologiques à l’exercice de la démocratie. Car pour voir ses frais de campagne remboursés, un candidat doit impérativement appartenir à une formation présentant au moins cinquante candidats répartis sur trente départements. Une difficulté supplémentaire inventée de toute évidence pour disqualifier d’avance les petites formations implantées localement, parmi lesquelles au tout premier rang, les mouvements et partis indépendantistes, autonomistes, ou simplement régionalistes. Ou même des personnalités indépendantes de toute formation politique ! Bref, tous ceux qui, justement, souhaitent réformer profondément le dernier mammouth d’Europe et le faire évoluer vers une forme de décentralisation proche de celle de tous ses voisins et partenaires.Pour contourner ces obstacles, les divers mouvements autonomistes ont su, depuis des années, se regrouper au sein de fédérations comme Régions et Peuples Solidaires qui rassemble des mouvements de tout l’Hexagone. C’est sous ses couleurs que Christian Troadec et le Mouvement Bretagne Progrès, implanté surtout dans le Finistère, partiront au combat. Avec leurs nouveaux alliés de l’Udb, au sein de l’union « Oui la Bretagne », qui a obtenu 7 % des voix pour les régionales de décembre 2015, dans un contexte difficile lié en partie aux attentats islamistes. Et avec quelque trente-sept candidats sur le territoire de la Bretagne historique.
On peut regretter que certains responsables de l’Udb placent le combat idéologique « de gauche » avant les intérêts de la Bretagne dans leurs priorités. Et que le ticket gagnant Parti Breton - Mbp ait été sacrifié à cette position idéologique. L’élan créé par l’alliance de ces deux formations radicales sur le plan des exigences bretonnes, mais modérées idéologiquement, la dynamique insufflée lors des régionales de 2010 et des européennes de 2014 ayant été en quelque sorte cassée par des positions par trop dogmatiques de certains. Une posture qui contraint le Parti Breton à partir, pour ces législatives, avec d’autres alliés, régionalistes et / ou écologistes, dont l’Alliance Ecologiste Indépendante (ex MEI). Et, en Bretagne, avec l’Alliance Fédéraliste Bretonne et le Parti Fédéraliste Européen. Sous les couleurs de « 100 % Bretagne », cette autre alliance bretonne présentera, elle aussi 37 candidats sur l’ensemble des cinq départements bretons. On ne pourra que regretter, une fois de plus, la dispersion des forces bretonnes et le manque de maturité politique par rapport à nos cousins écossais ou à nos amis catalans. D’autant que Paul Molac, élu député en 2012 sous l’étiquette Udb, a fait cette fois le choix de l’investiture « d’En marche ».
Gageons pourtant que l’Emsav marque des points et porte haut et clair une voix et un projet différent, plus proche des aspirations des Bretons à une démocratie réelle et de proximité.
Le décès de Martin McGuinness laisse un grand vide dans la vie politique de l’Irlande du Nord.
Pour certains, c’était avant tout un terroriste, pour d’autres, c’était un homme de paix. Malgré son passé lié à l’armée Républicaine Irlandaise, tous les commentateurs sont unanimes pour saluer son rôle primordial dans le processus de paix en Irlande du Nord et le gouvernement mis en place à la suite de l’accord conclu à Pâques 1998.
Né en 1950 dans le quartier pauvre de Derry, il vivait avec ses six frères et sœurs dans deux chambres, avec les WC à l’extérieur. C’était l’époque la plus dure avec un taux de chômage et la pauvreté généralisée, une situation économique difficile qui défavorise en premier lieu les Catholiques. Il rejoint l’IRA à l'âge de 18 ans, bien qu’il ait toujours nié son rôle exact dans ce mouvement.
Avec l’arrivée de l’armée Britannique dans la province, la violence entre Unionistes et Républicains augmente de jour en jour. Entre les années 60 et 90, la violence des deux cotés a causé près de 4000 victimes. Martin McGuinness était souvent sur la ligne de front. Il a été le témoin du pire massacre connu sous le nom de ‘Bloody Sunday’ en 1972 à Derry quand l’armée Britannique tire des coup de feu sur des manifestants civils vulnérables et sans arme causant la mort de 14 d’entre eux. Le gouvernement Britannique de Margaret Thatcher lui interdit de voyager, contrôle ses mouvements et interdit aux chaînes de TV de l’interviewer, interdiction qu’ils ont contourné en utilisant la voix d’acteurs pour cacher son visage et sa voix. Rappelons que c’est le même gouvernement qui a laissé Bobby Sands et d’autres prisonniers mourir de leur grève de la faim en 1980/81 sans vouloir intervenir.
C'est dans ces années 80 que Martin McGuinness ainsi que le leader du Sinn Fein Gerry Adams réalisent, en voyant beaucoup de leurs collègues et amis victimes de violence ou en prison, qu’il fallait en finir avec la violence et trouver une solution à travers le dialogue. Après plusieurs années de conversations en secret avec les autorités britanniques, poussé en particulier par John Hume, leader du parti Social Démocrate en Irlande du Nord et un des grand héros du processus de paix, Martin Mc Guinness est élu par le Sinn Fein, l’aile politique de l’IRA, pour assumer le rôle de négociateur en chef de ce parti dans le processus de paix avec les négociateurs des autres partis politiques.
C’est cette transformation de Martin McGuinness en homme de paix qui est reconnu à sa juste valeur. Le Premier Ministre britannique de l’époque, Tony Blair a déclaré que Martin McGuinness ainsi que Gerry Adams ont démontré ‘’ un courage remarquable dans l’effort de convaincre leurs constituants républicains sur la nécessité d’un accord de paix; un faux pas aurait pu mettre fin à leur vie”.
C’est ce courage, partagé avec les autres négociateurs, qui a inspiré et continue à inspirer les processus de paix dans d’autres régions du monde, le cas le plus récent étant les négociations avec le FARC en Colombie. Certes il ne faut pas oublier le rôle joué par la communauté internationale, que se soit le Président Bill Clinton, le médiateur des négociations Sénateur Georges Mitchell, ou même le Président de la Commission Européenne Jacques Delors, qui a crée le Fonds de Paix pour l’Irlande du Nord, pour encourager la réconciliation et le développement économique entre les deux communautés. Plus de 2 mil millions d’euros ont été versés par ce Fonds entre 1995 et 2015.
Le plus difficile dans tous processus de paix est de réunir les protagonistes autour de la même table. Comme l’a bien dit Nelson Mandela lui même, si vous voulez la paix vous devez accepter de vous asseoir avec ceux que vous considérez comme les l’ennemis, afin qu’ils deviennent vos amis. Ce n’est qu’à la fin des négociations que Gerry Adams, en tant que leader du Sinn Fein, et le fameux leader Unioniste Ian Paisley ont accepté de s’asseoir autour de la même table. Mais même la forme de la table a fait l’objet de tractations - Paisley voulait un face à face pour montrer qu’ils étaient bien des rivaux, tandis que Adams voulait qu’ils s’assoient côte à cote, pour montrer qu’ils étaient égaux… Finalement, c’est une table en forme de diamant, ou les deux se sont assis d’un coté de l’apex - à la fois à coté l’un de l’autre et en face l’un de l’autre.!
Avec l’accord de paix de 1998, l’Irlande du Nord respire et se permet de rêver d’un futur sans violence et d’essor économique. Même un bombe meurtrière dans la ville de Omagh en Août 1998, quelques mois à peine après l’accord de paix, qui a causé 29 victimes, dont des étudiants étrangers, n’a pas ébranlé la détermination des leaders politiques de la province d’assurer la mise en œuvre de l’accord. A la fois Martin Mc Guinness lui même, ainsi que David Trimble le leader Unioniste, ont dénoncé ceux qui cherchent vainement à faire dérailler le processus de paix.
Martin McGuinness poursuit son rôle de promoteur de la paix et la réconciliation, et devient un des deux premiers ministres de l’exécutif ( Gouvernement ) d’Irlande du Nord en 2007.
Il démissionne en Janvier de 2017, à cause d’un désaccord avec l’autre premier ministre et pour des raisons de santé. Durant ces 10 ans de gouvernement, il ne ménage pas ses efforts pour assurer une paix durable et un développement économique en Irlande du Nord. Il voyage dans le monde entier pour démontrer le miracle d’un processus de paix que beaucoup ne croyait pas possible et pour attirer des investissements.
L’image le plus percutant de ses efforts est la première rencontre entre la Reine Elizabeth et Martin McGuinness en 2012, ou le monde entier est témoin de la poignée de main - un geste de réconciliation sans précédent. Rappelons que la Reine elle même avait été touchée par la violence d’Irlande du Nord avec l’assassinat de son cousin Lord Mountbatten en 1979 sur son bateau de plaisance au large du comté de Sligo. Cette poignée de main historique sera suivie d’autres rencontres avec la Reine. C’est d’ailleurs la Reine elle même qui a annoncé qu’elle a envoyé une lettre personnelle de condoléances à la veuve de Martin McGuinness.
L’admiration que l’exemple de Martin McGuinness inspire dans deux communautés en Irlande du Nord pour cet homme de paix, ainsi que de la communauté internationale est reflétée également dans les hommages qui lui ont été accordés après sa mort. Nombreux personnages assistent à son enterrement, dont Bill Clinton.
L’héritage que Martin McGuinness laisse derrière lui est surtout un message de paix, que même dans les conflits les plus meurtriers et difficiles, c'est seulement à travers le dialogue qu’on peut espérer résoudre le conflit et rejeter la violence. Cela exige de la part les protagonistes non seulement de prendre des risques mais également de démontrer le ‘leadership’ nécessaire pour convaincre ces constituants sur le bien fait du processus engagé vers une solution pacifique. Ces deux qualités Martin McGuinness les avait en abondance. Le monde lui sera toujours reconnaissant.
Son rêve de la réunification de l'Irlande ne se fera pas pendant sa vie, mais au moins il aura eu la satisfaction que la possibilité d’une telle réunification sur la base de consentement du peuple en Irlande du Nord fait parti de l’accord de paix de 1998.
Par Erwan Fouéré, le 25 mars 2017
Breizh da Zont - L'Avenir de la Bretagne
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