BREIZH DA ZONT -
L’AVENIR DE LA BRETAGNE

Nevenoe ! Nevenoe ! Nevenoe  !                     

Photo Breizh Europa

 Par Thierry Jigourel

Il aurait été heureux, Glenmor, le barde qui ouvrit les portes de la nuit, il y a quasiment six décennies. Il aurait été heureux, ce 26 mai 2018, à Bain-sur-Oust, de participer à l’inauguration du monument dédié à la mémoire de Nominoë / Nevenoe, le premier roi d’une Bretagne continentale unifiée et débarrassée, pour un temps, du danger qui se pressait à l’est, aux marches du pays et qui, en ce IX^ème siècle de tous les dangers, avait la figure du Franc et du roi Charles le Chauve. Il aurait été heureux, celui, qui, avec sa guitare, entonna son chant de guerre et de résistance, il y a un demi-siècle, devant une assistance de convaincus, un pied bien calé sur le socle de la vieille croix de pierre du lieu-dit La Bataille. Une croix qui marque et identifie le lieu où, voici plus d’un millénaire, les Bretons, montés sur leurs fameux bidets ambleurs qui filaient plus vite que leur ombre, et grâce à une stratégie de guérilla infaillible, taillèrent en pièces la lourde cavalerie franque et saxonne d’un roi Charles qui, devant des pertes considérables pour son armée, prit courageusement, dans la nuit, la poudre d’escampette.

Il aurait été heureux, le matin de l’inauguration du monument signé par l’artiste local Jean-Pierre Baudu, faisant la part belle à l’ardoise du pays -ar maen-glas- et dû aux efforts inlassables de Loiez Appery, de Patrick Renault-Arduen et de leurs amis de Poellgor Gouel Ballon, d’Emile Granville et de la municipalité de Bains, de chanter le Bro Gozh avec une Clarisse Lavanant dont le talent s’affirme de jour en jour, comme, du reste, sa pratique de la langue bretonne. Un cercle de pierre sur lequel est esquissée une silhouette de Nominoë, à cheval, l’épée à la main, et face à lui, des pierres longues et rectangulaires symbolisant l’armée franque. Une armée qui, très vite, s’écroulera, comme sous un effet domino, il fallait y penser ! Jean-Pierre le Baudu l’a fait. Qu’il en soit remercié,comme toute l’équipe du Poellgor.

Il est vrai qu’à l’heure où l’Etat français intoxique jour après jour l’esprit de nos compatriotes de sa mauvaise propagande transformant un fragment de l’Histoire européenne en sorte de «roman national» purement mémoriel et émotionnel, la résistance est plus que jamais nécessaire.

Comme le disaient nos anciens, la résistance bretonne marche sur deux jambes. L’une est la transmission de la langue, et une grande partie de notre énergie doit y être consacrée. Car, comme disait le grand Charles de Gaulle, pas le général, mais son oncle qui était un ami des Bretons : «Tant qu’un peuple vaincu parle une autre langue que celle de son vainqueur, la meilleure part de lui est libre encore.»

L’autre est évidemment la connaissance et l’appropriation de l’Histoire , un domaine idéologique s’il en est, à en juger par la plupart des ouvrages d’universitaires aux ordres, payés par le système pour écrire une Histoire officielle dont nous sommes rigoureusement absents , comme notre vraie Histoire est absente des manuels scolaires de la prétendue République.

Gageons que ce monument à Nevenoe donne l’envie à de nombreux Bretons de découvrir leur Histoire nationale, celle qu’on leur cache à l’école, que l’on déforme et que l’on manipule dans les livres officiels. A commencer par la belle et grande geste de Nominoe, le Tad ar Vro, le Père et Libérateur de la patrie.

«An neb a venn, hennez a c’hall/ An neb a c’hall, a gas ar Gall » («Celui qui veut, celui-là peut / Celui qui peut, chasse les Français. » (Drouk-kinnig Neumenoiou / Le Tribut de Noménoë , Barzaz Breiz).