BREIZH DA ZONT -
L’AVENIR DE LA BRETAGNE

UNE ECHEANCE ATTENDUE

 Une nouvelle échéance, et non des moindres, attend le peuple breton en décembre prochain. Nous ne reviendrons pas sur le regrettable échec des négociations qui n’a permis de présenter à l’électorat breton une liste unifiée, comme cela s’était produit pour la première (et dernière) fois en 1992. Cependant, nous devons nous réjouir d’une ouverture du débat grâce à la présence d’une liste autonomiste et pour la première fois, une liste ouvertement indépendantiste. Sous oublier que sur les listes des deux partis hexagonaux qui se disputent la majorité à chaque consultation électorale, figurent des personnalités connues pour leurs positions en faveur de l’autonomie de la Bretagne. Alors que près de 20 % des Bretons se déclarent, dans les sondages, favorables à l’indépendance, cette fois, ils pourront enfin, à l’instar des Ecossais et des Catalans, exprimer leur souhait de reprendre leur destin en main par un vote qui pourra peser sur la politique de notre pays.

La pluralité des listes en présence est le gage même de la démocratie. Pourtant, on peut dire que la démocratie est le cadet des soucis de l’Etat qui nous gouverne. Nul besoin de rappeler avec quelle obstination la France refuse d’écouter la voix des 30 000 manifestants venus réclamer la réunification de notre pays, ni les cris de colère des agriculteurs au bord de l’agonie. Pas plus de démocratie, dans le mode de scrutin pour les élections régionales. Comment peut-on imaginer un scrutin à la portionnelle avec deux tours de scrutin ? L’ancien mode de scrutin des régionales, et encore plus avant la réforme de 1998, était le plus démocratique des scrutins français puisque les sièges étaient répartis proportionnellement au nombre de voix obtenues par chaque liste ayant dépassé le seuil minimum. Mais en France, trop de démocratie est vécue comme un danger pour « l’une et indivisible ». 10 % des voix pour pouvoir se maintenir au second tour, 5 % pour pouvoir fusionner et… la part du lion (25 % des sièges plus un nombre proportionnel aux voix ) pour la liste qui dépasse toutes les autres et rien pour celles qui recceuillent moins de 5 %. 15 % des votants ne seront donc pas représentés à l’assemblée régionale. Gageons qu’une Bretagne indépendante sera plus à l’écoute de son peuple.

Padrig Delorme (photo P. Delorme)