La grande farce quinquennale : Sans nous !

Une fois encore, les Bretons, comme les autres citoyens français, sont appelés à élire le premier magistrat de France. Un exercice qu’ils pratiquent sagement depuis 1965 et les premières élections au suffrage universel direct du président de la République. Mais pour quel succès ? Pour quel résultat ? Pour quels espoirs ? Force est de reconnaître, une fois de plus, que ce qui se joue sous nos yeux n’est qu’une parodie de démocratie. Parce que les Bretons, comme les Corses, les Alsaciens - dont la région fut de force et contre la volonté de la population et des élus, noyée dans une super-région Est purement technocratique - les Catalans, les Savoisiens, tous ceux qui appellent de leur vœux depuis des lustres la fédéralisation de la France, ultime Etat ultra-centralisé d’Europe, n’auront une fois encore pas de candidat pour les représenter. Christian Troadec, le dynamique maire de Carhaix, le bouillant porte-parole des Bonnets Rouges, entendait être leur candidat. Celui des régions qui souhaitent plus de pouvoirs et de compétences. Il n’a pas hélas réussi à rassembler les 500 signatures nécessaires pour une présentation officielle. En cause, le manque, bien-sûr, d’écho fait à sa démarche par des média parisiano-centrés, pour qui la présence d’un «Bonnet Rouge» à cette élection «sérieuse» paraissait incongrue, voire inconvenante. La faute à un durcissement des conditions d’accès aux starting blocs. La faute à la nécessité, pour un candidat, de rassembler des signatures sur au moins trente départements : condition posée évidemment pour écarter du jeu «démocratique» des candidats autonomistes. Mais aussi et surtout aux pressions des états-majors des «grandes» formations politiques qui se disputent le pouvoir depuis des décennies.

Pour les Bretons, il n’y a guère matière à se réjouir, une fois encore. Parmi les onze candidats restés en lice au terme de ce marathon qu’est la pêche aux signatures, trois marxistes. Un record dans l’Union Européenne. Quatre «souverainistes», cache-sexe sémantique pour ne pas dire «nationalistes». Et une brochette de soit-disant grands responsables qui voient des complots contre la France partout ou presque. Le très droitier Asselineau main dans la main avec Mélenchon, celui qui réussit la gageure d’associer dans un même élan du cœur la Révolution française, bourgeoise et de hauts fonctionnaires, et la prolétarienne des Russes, unis pour dénoncer la volonté extérieure de détruire la France par la Charte européenne des langues régionales. A Mélenchon, qui plaide pour l’officialisation, en France, de l’Arabe et voit en Bretagne «cinq langues dont une avec une racine latine», Asselineau l’énarque répond que c’est le sempiternel axe Rome-Berlin, ennemi éternel des Lumières, qui veut la peau du «paysdesdroitsdelhomme». Au moins, ces deux-là ne proposent-ils pas la suppression de l’institution régionale. Ce que Marine Le Pen, après avoir sommé les Bretons de donner enfin des prénoms français à leurs enfants pour montrer leur volonté d’intégration dans LA République, inscrit sans honte dans son programme officiel. Exit De Rugy, remercié dès la primaire de la Belle Alliance Populaire. Ne restaient donc plus que les représentants du clan des jacobins. Car comment croire le pauvre Benoît Hamon, qui promettait de ratifier enfin la Charte européenne des langues régionales, alors que son clan, au pouvoir depuis cinq ans, s’est empressé... d’en reculer l’échéance ? Quant à Jean Lassale, le «berger des Pyrénées», sensé incarner «les terroirs de France», rendu sympathique pour avoir entonné, dans l’hémicycle un chant en occitan devant un Jean-Louis Debré qui s’étranglait de rage, on chercherait en vain, dans son programme ne serait-ce qu’une allusion à un transfert de compétences de l’Etat vers les Régions.

Sur ces onze candidats jacobins, ne restaient plus en lice le 7 mai, que la plus nationaliste de tous -avec Asselineau- et l’hyper-mondialiste repeint aux couleurs du «patriotisme». Un concours de cocorico. Aucun espoir d’aucun côté pour les Bretons et pour les autres peuples emprisonnés de l’Hexagone. Pour nous, rien n’a changé au royaume de la parodie de démocratie, au terme d’une campagne de caniveau alimentée par un quarteron de juges aux ordres de l’exécutif que n’aurait pas désavoué les champions du genre : l’inénarrable couple Clinton-Trump.

Aucune raison de nous détourner donc de nos combats fondamentaux, ni d’aller donner notre onction à cette grande farce franco-française. Le second tour des élections a éliminé la plus jacobine et centraliste des deux candidats, mais Macron a d'ores et déjà annoncé qu'il refuserait de modifier les nouvelles régions.

Pour les Bretons, le combat continue.



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