Générations Emsav

 C’était en 1958, cela fait donc soixante-six ans. Quand apparut le titre L’Avenir de la Bretagne, qui aurait-pu lui prédire une si grande longévité ? Nous étions alors au sortir de la guerre. Dans le parti français, entendu au sens large de l’élite étrangère et de ses valets locaux, ce nom était en soi une irrégularité, un affront. La répression avait lessivé le mouvement national, tout ce qui était breton était de près ou de loin suspect. La Bretagne n’existait que dans les têtes et n’avait aucune réalité officielle, elle se devait d’appartenir au passé, tout comme la résistance faite en son nom. Imaginez alors un journal se pavoiser d’un tel titre, qui est en soi tout un programme : L’Avenir de la Bretagne.

Avant même d’en parcourir les colonnes, quelques potentats locaux ont du y recracher leur café du matin en apprenant la nouvelle. Par le passé d’autres titres avaient incarné la flamme bretonne : Breiz Dishual, Feiz ha Breiz, Kroaz ar Vretoned et bien sûr, Breiz Atao, La Bretagne. Le temps et la répression avaient fait leur effet et les uns après les autres, ils avaient disparu.

Oui mais, dans cette fin des années 1950, l’arrivée de L’Avenir de la Bretagne sonne comme un coup de tonnerre. Il annonce déjà le «mai 68 rampant» des années 1960 bretonnes, qui secouèrent le pouvoir gaulliste, l’amenant vers un référendum perdu qui coûtera son poste au vieux général. L’Avenir n’avait d’ailleurs pas manqué de coller aux basques de celui qui avait crié «Vive le Québec libre !», en lui répondant : «Vive la Bretagne libre !». Quand de Gaulle pensait laisser derrière-lui ces rengaines de FLN et d’Algérie indépendante, L’Avenir publiait les premiers communiqués du FLB et rappelait que le combat pour la Bretagne indépendante était toujours là. Comme un caillou dans la botte, un rappel que l’histoire est loin d’être finie.

La longévité de L’Avenir de la Bretagne incarne en cela une vérité criante du mouvement national : l’intergénérationnel y est impératif moral autant que stratégique. Moral car nous savons bien que notre lutte ne dépend pas des modes ou des lubies d’une époque. Elle est une large chaîne qui serpente à travers l’histoire, des premières révoltes des tribus bretonnes de Boudica ou de la confédération armoricaine face aux armées de Rome jusqu’à l’indépendance à venir de la Bretagne, du Pays de Galles ou de l’Écosse. Ainsi est notre destin, à nous autochtones d’Europe, résister ou disparaître, pour que le temps qui passe ne soit plus jamais celui de l’oubli, mais toujours celui du renouveau, un solstice après l’autre.

Stratégique nécessairement, car il nous faut sans cesse recréer des ponts entre générations, pousser l’effort et les réalisations encore plus loin, d’années en années, de siècles en siècles. Celles et ceux qui portent le combat l’héritent des résistances passées, et le remettent sans cesse dans les mains des jeunes pour s’assurer que l’objectif soit un jour atteint. En cela et à l’image du mouvement national, L’Avenir est un vieux journal sans cesse projeté vers le futur, vers la nation à venir. Nul doute que demain, quand de jeunes Bretonnes et Bretons porteront la Bretagne libre sur les routes, dans les rues et les villages du pays, il y aura toujours un journal dans leurs mains, L’Avenir de la Bretagne.

Alan Le Cloarec



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