Editorial - L'avenir de la Bretagne

PENNAD STUR gant al Legrestr Kreizig

Le "Breton de l'année" 2016 ?

Sarkozy avait privilégié les relations en tout genre avec le Qatar et ses dirigeants. Hollande, pour bien marquer sa différence, a fait plus fort en distinguant comme "amie de la France" l'Arabie Saoudite. Un choix pour le moins choquant pour un président zélateur des "valeurs de la République". En effet, ce pays est plutôt connu pour être à des années lumière de notre vision républicaine. Construite sur l'alliance d'une royauté clanique, les Saoud, et d'une secte les plus sectaires de l'Islam (le Wahhabisme), l'Arabie Saoudite est à ce jour le seul pays au monde qui ne délivre pas de visas touristiques*. Les femmes n'y ont pas le droit de conduire, de sortir sans être accompagnées de leur mari, oncle ou frère. Durant l'année 2016, plus de 87 exécutions capitales au sabre y ont eu lieu en place publique et un jeune dissident y a été condamné à 1 000coups de fouets et 10 années de prison. Certains pays qui n'ont pas, il est vrai, "inventé les Droits de l'homme" ont montré leur totale désapprobation en fermant leur ambassade (cas de la Suède) ou encore en annulant une vente d'armes pourtant conséquente (cas de la Confédération suisse).Tout cela n'a guère ému le président français et son équipe au sein de laquelle Jean-Yves Le Drian s'est montré le plus efficace des commerciaux. Avec une dizaine de déplacements tout au long de l'année 2016 chez les Saoud, notre très fiable ministre des armées et président d'une Bretagne significativement affaiblie a permis à Paris de livrer à l'Egypte les deux Mistral nazairiens interdits de vente aux russes, nos "amis saoudiens" réglant la note. De la même façon, avec plus de 10 milliards de contrats d'armements livrés par Paris, Riyad a eu tout le matériel indispensable pour mener une guerre très destructrice au Yemen. Après deux ans de conflit, l'Arabie Saoudite n'a pourtant pas réussi à vaincre les rebelles houttistes et se retrouve en mauvaise posture.

A déployer une telle énergie, il n'est pas étonnant que notre Duguesclin du 21^ème siècle soit devenu non seulement le chouchou du président français mais aussi celui des milieux de l'armement (Thales, Dassault...) jusqu'à recevoir un certificat de plein satisfecit du très droitier Serge Dassault. Oui, il est loin le temps où le modeste et opiniâtre fils de prolétaires lorientais montait à la tribune au Palais Bourbon pour fustiger un contrat de vente d'armes à l'Argentine.

Et ce n'est pas tout, notre si dévoué ministre des armées se retrouve au cœur de la galaxie du renseignement en compagnie d'une autre "bretonne", Patricia Adam, sénatrice du Finistère. Pour le grand public, les "méchants" sont ailleurs, bien sûr. Pourtant, cette galaxie a laissé quelques mauvais souvenirs à des "alliés" comme la Nouvelle Zélande (affaire du Rainbow Warrior) ou encore le Canada (logiciel espion Babar). Bref, il n'y a pas que la NSA ou les hackers de Poutine qui peuplent l'espace électronique ! La cyberguerre, voilà une spécialité que Le Drian prépare sérieusement et il veille à ce que "sa" Bretagne héberge les sites en pointe dans ce domaine comme l'atteste sa toute récente visite chez Nokia dans le Tregor. Quant à faire le bilan de sa présidence bretonne, c'est une autre histoire et on peut déjà vérifier qu'il sera maigre. Quid de l'avancée dans le processus de réunification ? Quid du bilan linguistique ? Quid de la visibilité de la Bretagne en Europe et au delà ? Nous sommes bien obligés de constater que c'est le maire de Liffré qui fait le "job" à sa manière avec un seul objectif : pilotage à vue et préparation du "parachutage" du petit gars de Lorient dans l'enceinte rennaise, une fois le règne hollande clos... A moins que, à moins que... la nouvelle équipe au pouvoir ne propose quelque sinécure à un si méritant ministre.

Alors Le Drian, le "Breton de l'année" ? Pour nous autres, défenseurs et acteurs d'une vision dynamique de la Nation bretonne, certainement pas ! Le "Breton de l'année" est tout trouvé : le Redonnais Cédric Briand. Tous ceux qui aspirent à une Bretagne décidée à retrouver son rang parmi les nations européennes, consciente de son potentiel et de ses singularités, ne peuvent qu'être reconnaissants à ce compatriote opiniâtre et non conformiste d'avoir remis au premier rang cet animal rustique et combien emblématique de la Bretagne : la Pie Noire.

*Même La Corée du Nord délivre des visas-touriste.