L’idée d’indépendance,

du rêve à la réalité

 n°523 Breizh da zont

            L’indépendance ! C’est drôle comme un mot beau, noble, positif, quant à la personne, peut au «paysdesdroitsdelhomme », prendre d’un coup une charge négative, dès lors qu’il s’applique à des groupes d’individus. Comme si les Etats étaient la finalité ultime de l’Homme. Mieux, ou pire, comme s’ils étaient une sorte de construction divine. Alors qu’ils ne sont qu’une construction divinisée par une clique de politiciens professionnels formés par les mêmes écoles, à commencer par l’élémentaire, créée, non pour éduquer les enfants, mais pour fabriquer des générations de petits robots soumis à l’idéologie de l’Etat. Pourquoi donc aurait-il aux caciques de leur république, fallu créer les bataillons scolaires de sinistre mémoire, ces formations qui inspirèrent directement les ballilas de Mussolini ou les enfants soldats de Sierra Léone ?

            Bien sûr qu’indépendance n’est ni un gros, ni un vilain mot. Il est le corollaire de celui de liberté. Une liberté des peuples garantie par les conventions internationales comme la Déclaration Universelle des droits de l’Hommes de 1948, élaborée sous les auspices de l’O.N.U. Pourquoi diable, et pour quelle raison philosophique, ce qui relèverait de soi pour la France et pour les Français se verrait refusé aux Bretons et à la Bretagne ? Ce mot d’indépendance, ce beau mot d’indépendance, tend à perdre, aujourd’hui, sa connotation négative. La chape de plomb et de peur que lui ont collée, de force, les technocrates stato-nationaux et les grands prêtres du temple jacobin, ceux en charge d’élaborer, non une religion d’Etat, mais une religion de l’Etat, se fissure de toutes parts. De là leurs réactions excessives, émotionnelles et irrationnelles.

             Les idées qui traversent l’Europe de part en part ne peuvent se fracasser ad aeternam sur les barbelés idéologiques érigés à ses frontières par le dernier Etat fascistoïde. Hier, c’était le référendum sur l’indépendance, en Ecosse (au moins autorisé par le Royaume-Uni, plus démocrate de toute évidence que « LA » république française). Demain, ce sera celui de la Catalogne. Bientôt, ce seront les Néo-calédoniens – et non les Calédoniens qui sont des Ecossais ! – qui voteront pour ou contre un projet d’autodétermination, prouvant l’inanité et la mauvaise foi des discours français sur le caractère « un et indivisible » de « LA » république. A quand le tour de la Corse qui, au grand dam des mêmes caciques, Manuel Valls en tête, est dirigée désormais par une coalition autonomo-indépendantiste ? Si l’on additionne la Slovénie, la Croatie, la Slovaquie, les républiques baltes, etc, on s’aperçoit que les Etats qui se sont fractionnés depuis vingt ans, ceux qui ont laissé des peuples reprendre leur liberté, sont bien plus nombreux que ceux qui se recentralisent, comme la France. Le Parti Breton, en tout cas, a bien compris la marche de la société vers la souveraineté ; la nouvelle équipe dirigeante, et le nouveau président Olivier Berthelot osent désormais, à la suite de la campagne « Notre Chance l’Indépendance », affirmer ouvertement cette volonté de récupérer pour le pays ses droits perdus, malgré les menaces qui ne manqueront pas de venir, de la part de l’Etat français, et de celle d’une Union Européenne dans laquelle les peuples comme les individus se reconnaissent de moins en moins. Ce faisant, il ne fait que prendre acte de la volonté de 18 % des Bretons (et 25 % des jeunes).

             A nous, tous ensemble, de transformer cette «idée d’indépendance», chantée par Soldat Louis, en réalité politique.

Thierry Jigourel



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